L’événement KickStart de CanAsian Dance, en collaboration avec Tangente et le Festival Accès Asie, a comme mission d’inciter les chorégraphes canadiens à développer et à présenter une œuvre de courte durée qui propose une nouvelle orientation ou un changement constructif dans leur approche de la chorégraphie. Le programme de cette année présente des chorégraphes de Halifax, Vancouver, Toronto, Ottawa et Montréal.
“Quand on s’égare, mieux vaut retourner là d’où on est parti.” Dai Ailian
calm and dormant with strength and power; sinuous and flowing est un récit personnel qui permet à l’interprète et chorégraphe Katherine Ng d’explorer une facette d’elle-même qu’elle a longtemps tenté de nier. Dans ce solo, l’immigrante chinoise de deuxième génération redécouvre ses racines et s’ouvre à la beauté de l’histoire et des riches traditions culturelles de sa famille. La chorégraphie est dominée par des mouvements rigoureux et disciplinés qui laissent parfois place à la douceur et à la fluidité. De cette dualité naît un univers enjoué qui oscille entre la forme et tout ce qui se trouve à son seuil. De temps à autre, l’interprète se repose dans des moments de silence et de calme avant de laisser jaillir un nouveau mouvement.
Dans Walang Hiya, un numéro burlesque long-format, Joy Rider explore la sexualité philippine à la lumière de sa culture. Comment une femme peut-elle être le sujet de sa sexualité dans un environnement qui brime son agentivité et son humanité? Comment une femme dont l’identité fait souvent l’objet de fétichisation peut-elle devenir maîtresse de sa sexualité? Cette œuvre nous éloigne de la féminité pudique, soumise et chaste prônée par le patriarcat et nous amène vers une féminité subversive axée sur le plaisir.
Dans Omote (面), une œuvre créée par la danseuse Shion Skye Carter et l’artiste visuelle Miya Turnbull, des masques faits à la main, aux diverses formes et expressions, deviennent des prolongements du corps. Leurs traits insolites et un peu troublants défient notre idée traditionnelle de la beauté et articulent les concepts de honne (本音) et de tatemae (建前), soit l’opposition des véritables sentiments et désirs d’une personne (honne) aux comportements et opinions qu’elle expose en public (tatemae). Les deux artistes se questionnent sur l’influence des attentes culturelles et de l’histoire ancestrale sur ce qu’on montre aux autres et ce qu’on dissimule.
C’est quoi, un chez-soi? Yui Ugai et Ashvini Sundaram tentent de répondre à cette question en s’interpellant sur leurs relations schématiques avec leurs cultures, traditions et pratiques. Née à Hiroshima, Yui reprend des éléments de la danse traditionnelle japonaise tout en cherchant une nouvelle esthétique japonaise contemporaine et hybride. Née à Singapour et ayant grandi au Canada, Ashvini s’immerge dans la danse traditionnelle du Sud de l’Inde pour raffermir son lien avec son identité tamoule. Vivant toutes deux au carrefour de deux cultures, Yui et Ashvini s’aident à faire face aux souvenirs respectifs de rupture et de résilience qu’elles incarnent. Ensemble, elles partent à la recherche d’une humanité au féminin empreinte de mutualité et de connexion, s’arrimant à un nouveau chez-soi partagé.
Shion Skye Carter (elle/iel) est une artiste en danse originaire de Tajimi (Japon) qui se dédie à sa pratique artistique à Vancouver (Canada) en tant qu’invitée sur les territoires ancestraux et non cédés des peuples Coast Salish. Dans une chorégraphie hybride incluant des formes traditionnelles d’art ainsi qu’une interaction avec des objets digitaux et sculpturaux, Shion interprète le monde qui l’entoure à travers son identité intersectionnelle. En tant que cofondatrice du duo multidisciplinaire olive theory avec le musicien Stefan Nazarevich, elle réunit la performance, l’installation et le son en direct. En tant qu’interprète, Shion a performé partout au Canada en interprétant les œuvres d’artistes prolifiques tels que Vanessa Goodman (Action at a Distance), Wen Wei Dance, plastic orchid factory et Ziyian Kwan (Dumb Instrument Dance). Elle est titulaire d’un baccalauréat en beaux-arts de l’Université Simon Fraser et est récipiendaire du prix Iris Garland 2022 pour chorégraphes émergents.
Miya Turnbull est une artiste visuelle multidisciplinaire d’origine canado-japonaise. Elle est diplômée de l’Université de Lethbridge (Alberta) avec un baccalauréat en beaux-arts et réside présentement à K’jipuktuk (Halifax, N.-É.), sur les terres ancestrales et non cédées du peuple Mi’kmaq. Elle travaille avec de nombreux médiums mais est avant tout une créatrice de masques. La performance a été récemment introduite dans sa pratique artistique. Elle s’intéresse aux autoportraits, utilisant sa technique de photo-masque pour créer des représentations réalistes de son visage, déformant et manipulant souvent son image de diverses manières. Elle porte ensuite ses masques comme un «faux visage» ou une «seconde peau». Ses masques, photos et vidéos ont été exposés dans plusieurs galeries, telles que Gallery 101 (Ottawa), JCCC Gallery (Toronto), Kishka Gallery (États-Unis), Maximiliansforum (Allemagne) et The Beaney (Royaume-Uni). Miya a eu le privilège de recevoir le soutien d’Arts N.S. et du Conseil des arts du Canada, ce qui lui a permis de s’épanouir à travers ses œuvres.
Ashvini Sundaram (prononcé uh·sh-vi-nee su-ntha-rum) est une artiste de danse formée au bharatanatyam. Née à Singapour, ayant grandi à Vancouver et étant formée en Inde, Ashvini explore les questions relatives au savoir mémorisé par le corps, à l’identité multiculturelle et à la décolonisation. Son œuvre, Art of Time, créée dans le cadre du programme de maîtrise en beaux-arts de l’Université York, utilise les connaissances culturelles sur le temps cyclique pour perturber le stéréotype souvent réitéré selon lequel la danse est éphémère. Ashvini continue de contextualiser sa pratique traditionnelle au Canada, ciblant les questions liées à la sensualité et à la spiritualité comme on le voit dans son répertoire Shringara, signifiant «amour érotique», présenté à New Work’s All Over the Map à Granville Island en 2022. Ce thème a été aussi exploré dans son court métrage VASANTHAM, présenté au CanAsian Dance Festival 25!, au festival dance made in Canada et au F-O-R-M en 2022. Ashvini est récipiendaire de prestigieux prix fédéraux, provinciaux et locaux, tels que le prix Chrystal Dance de Dance Victoria et des subventions du Conseil des arts de la Colombie-Britannique et du Conseil des arts du Canada.
Yui Ugai est née à Hiroshima, au Japon. Elle s’est spécialisée en art dramatique au lycée et a étudié la danse et la musique à l’Université de Kobe Jogakuin. Yui a obtenu une formation professionnelle en ballet à la Royal Academy of Dance (RAD) et elle a reçu un prix d’excellence en danse par le magazine Dance Dance Dance en 2008. Yui est titulaire d’un BBA et d’une MBA en danse de l’Université York à Toronto. Au cours de ses études, elle a reçu une bourse d’études supérieures de l’Ontario, une bourse d’études supérieures de York, une bourse d’études supérieures de YU et des prix d’études supérieures de W. Lawrence Heisey en beaux-arts. Elle a également reçu la bourse Toronto Shinkikai, la bourse Takatazuka Doi Airin, la bourse d’études en arts de la Fondation culturelle d’Hiroshima et une nomination aux prix Dora Mavor Moore. De plus, elle a participé à des tournées nationales et internationales avec les Toronto Blue Jays, Skindivers, Limitless Productions, The Parahumans, Little Pear Garden Dance Company, Ballet Creole, Kashe Dance Company, Kaeja d’Dance et Anima Inc. au Mexique et au Pérou pour n’en nommer que quelques-unes. Sa recherche consiste à examiner les formes d’art de la scène japonaise traditionnelle et à explorer ce que cela signifie pour son corps et son identité de vivre à l’intersection de ses origines japonaises et son expérience avec les compagnies de danse canadiennes.
Katherine Ng est danseuse professionnelle depuis 2014. Originaire d’Ottawa, elle est diplômée du School of Dance dans le programme de danse contemporaine dirigé par Sylvie Desrosiers. Katherine a fait ses débuts à Montréal, où elle a eu l’occasion de danser et de créer avec, notamment, <AP&A >, Interlope et La Tresse, et a pris part à plusieurs festivals internationaux de danse. Elle a aussi participé dans le spectacle de tournée PEARL du chorégraphe Daniel Ezralow. À la croisée de l’Orient et de l’Occident, PEARL a organisé un échange avec des artistes de Nanjing en Chine. Dernièrement, elle a travaillé pour MGM à Macao avec nul autre que le chorégraphe de Michael Jackson, Travis Payne. Elle travaille actuellement avec le Centre de danse contemporaine et vient d’interpréter une œuvre chorégraphiée par Jocelyn Todd et Tedd Robinson.
Marbella Carlos est une artiste interdisciplinaire née à Manille, aux Philippines, et basée à Tiohtià:ke/Montréal. Son récent travail de performance en tant que Joy Rider lui a valu de multiples prix et des représentations internationales, notamment à Fierté Montréal 2019, Teaser Festival New Orleans et Bagel Burlesque Expo. Elle a remporté la prestigieuse catégorie des meilleurs débuts lors de la plus grande compétition burlesque au monde, le Burlesque Hall of Fame à Las Vegas (Nevada). Elle détient un BBA (Université de Calgary), un BEd (Université de Toronto OISE) et un MA (Université Concordia, Maîtrise SGS du Conseil de recherches en sciences humaines), et a été finaliste nationale de Storytellers.
Shion Skye Carter – Artiste en danse
Miya Turnbull – Artiste visuelle multidisciplinaire
Ashvini Sundaram – Artiste en danse
Yui Ugai – Artiste en danse
Katherine NG – Danseuse professionnelle
Marbella Carlos (Joy Rider) – Artiste interdisciplinaire